Dernières nouvelles de 2020

Année du Covid-19 et société à deux vitesses

Les CFF n'ont pu remplir leur mandat en 2020 que grâce à la réduction du trafic lié à la pandémie de Covid-19. Il n'aurait pas été possible de faire face à un grand été de manifestations, d'open-airs et de trains pyjamas avec la pénurie actuelle de personnel des locomotives. Les cours de formation également, qui sont importants pour l'avenir, ont eux aussi souffert des restrictions imposées par les mesures liées à la pandémie. En effet, l'organisation des journées de formation a été rendue beaucoup plus difficile et les formations pratiques dans les exiguës cabines de conduite ont suscité l'inquiétude auprès de nombreux mécaniciens de locomotive.

Alors que des mesures de protection complètes ont été immédiatement organisées pour le personnel de bureau, le personnel de la base a été exposé aux risques de contagion malgré le manque de clarté de la situation et a reçu l'instruction de poursuivre les opérations comme d'habitude. Afin de ne pas compromettre la poursuite de l'exploitation, les ETF ont même tenté, dès le départ, d'assouplir certaines règles issues des réglementations sur le temps de travail faisant usuellement foi... Sans en informer au préalable les partenaires sociaux, les responsables de Car Postal et des CFF ont également demandé à l'OFSP de raccourcir ou de lever la période de quarantaine pour les conducteurs de bus et le personnel de conduite ferroviaire.

En outre, le personnel de terrain doit se battre pour que chaque minute passée sur le terrain soit comptée comme étant du temps de travail alors que les performances des personnels actifs en home-office ne sont jamais remises en question et considérées comme étant toujours pleinement satisfaisantes.

Les recommandations et les instructions de l'OFSP, en constante évolution, sont gérées et mises en place de manière autonome par le personnel de terrain. La recommandation de la direction des CFF "de ne pas rencontrer les collègues pendant les pauses car très souvent les règles de distanciation ne peuvent pas y être respectées et les masques pas portés" signifie en pratique que les pauses doivent être passées sur le quai et non dans les lieux de pause préalablement définis et considérés comme tels. Entre-temps, les restaurants dans les gares ont été fermés et les heures d'ouverture des magasins ont à nouveau été fortement réduites. Le personnel en activité n'a souvent pas d'autre choix que de prendre de la nourriture et des boissons depuis la maison. Pendant la même période, de l'autre côté du spectre, les CFF craignent que tout le monde ne puisse pas prendre son repas de midi à la Hilfikerstrasse (siège central des CFF) en même temps...

Même les campagnes annuelles de Noël des associations du personnel dans les salles du personnel n'ont pas été épargnées. En effet, par crainte de voir se développer des contagions, elles ont été sommairement interdites, bien que seuls des petits snacks et autres chocolats pré-emballés - comme on en trouve dans toutes les épiceries - y auraient été proposés. Si la propreté et la désinfection des cabines de conduite des mécaniciens était gérée de la même stricte manière que pour les autres corps de métiers et locaux du personnel, les entreprises auraient également moins à se soucier du manque d'acceptation de mesures qui sont, de fait, impossibles à mettre en œuvre dans la pratique.

Il est également clair que le niveau de compréhension pour les mesures de réduction des coûts du personnel ne se développe pas comme espéré auprès de la base dans ces conditions.

Se rendre au travail en voiture

L'UTP (union des transports publics) a informé que les employés ne pouvaient plus emporter gratuitement avec eux leur vélo pour effectuer le trajet domicile-lieu de travail. Cela signifie que de nombreux employés qui travaillent en dehors des heures de circulation des transports publics seront obligés de passer du vélo à la voiture. À moins qu'ils ne s'offrent un forfait vélo annuel, qui, comme la voiture, est financé par le personnel lui-même. Alors que les titulaires d'abonnements FVP qui travaillent pendant les heures normales de bureau, comme les employés de l'UTP, sont payés intégralement pour leur trajet domicile-travail, le personnel travaillant irrégulièrement est une fois de plus pénalisé pour avoir contribué à la réalisation d'objectifs climatiques annoncés haut et fort, tels que la durabilité énergétique et la neutralité CO2. La raison invoquée pour la levée de cette mesure de gratuité est l'absence de possibilité de vérifier si l'employé se rend effectivement au travail ou en revient. Le problème est donc purement administratif et il n'y a eu aucun problème réel avec les vélos du personnel des entreprises de transport ferroviaires Suisse ni de pertes financières jusqu'à présent. Cependant, les dommages causés aux entreprises seront importants si, à l'avenir, davantage de places de parking doivent être mises à disposition dans les gares pour que le personnel puisse nouvellement se rendre sur son lieu de travail en... voiture.

Négociations sur les mesures de réduction des coûts chez CFF Cargo SA

Ces négociations ont été déclenchées en raison des pertes engrangées par CFF Cargo SA cette année en raison du Covid-19. En plus des demandes qui ont été formulées de manière analogue à celle des CFF, Cargo a également exigé que seule une partie des heures en négatif du personnel soit compensée pour le report à l'année suivante, contrairement à ce qui est prévu dans la CCT Cargo. Début décembre, l'OFT a informé que CFF Cargo SA recevrait jusqu'à 35 millions de CHF d'aide pour ces pertes de trafic dues au Covid-19. Pour citer le directeur de l'OFT : "Aucune autre industrie n'a pu bénéficier d'une prise de risques financiers aussi importante de la part du secteur public. Cela montre le haut niveau de confiance dont bénéficient les transports publics auprès de la population et du monde politique". En raison de ces aides, le VSLF était parti du principe qu’il ne serait plus nécessaire de discuter de mesures de réduction des coûts. Néanmoins, nous nous serions tenus prêts à continuer à négocier des options et des solutions pour faire notre part pour les temps difficiles restant à venir. Le VSLF a insisté sur le fait que toute mesure de réduction des coûts doit être appliquée de la même manière à l'ensemble du groupe et à tous les employés. Malheureusement, les discussions ont souvent donné l'impression que CFF Cargo tentait coûte que coûte de faire des économies au détriment du personnel car le déficit subi par l'entreprise (hors Covid-19) ne pouvait être couvert par l'argent reçu de la part de l'État. Les pourparlers sont actuellement terminés et CFF Cargo a fait appel à un tribunal arbitral. En ce qui concerne les mesures de réduction des coûts aux CFF, voir le bulletin d'information VSLF n° 657.

"Digit-by-Digit" - Chiffre par chiffre

Une fois de plus, on a tenté d'introduire un système de communication repris à 100% de ce qui se faisait dans le secteur de l'aéronautique et comme toujours, l'accent n'a pas été mis sur la faisabilité réelle de la chose dans le monde ferroviaire. Les effets de cette nouvelle manière de faire sont dévastateurs ; même les communications les plus simples conduisent à des malentendus dans le domaine sensible de la sécurité.

Le manque d'acceptation par le personnel de cette nouvelle méthode n'a rien à voir avec la crainte ou la non-acceptation d'un changement de culture mais plutôt avec l'expérience de celui-ci, qui se rend compte du non-sens de cette nouveauté.  

Les expériences avec les nouveaux "formulaires d'ordres" sont tout autant négatives.

La combinaison avec le système "Digit-by-Digit" a déjà entraîné des erreurs liées à la sécurité et des retards massifs du trafic ferroviaire. En pratique, la transmission d'un formulaire d'ordres est délibérément évitée le plus souvent possible afin de maintenir la stabilité de l'exploitation.

C'est ainsi que de nouvelles exigences théoriques censées renforcer la sécurité la font baisser en pratique... Un grand classique !  

Les problèmes ont été discutés fin novembre lors d'un débat entre l'OFT, les chemins de fer et l'industrie au sein de la "KOSEB BAV" (commission chargée de la sécurité des chemins de fer de l'OFT). Comme il fallait s'y attendre, l'OFT a éludé sa responsabilité et s'est référé aux exigences européennes que les ETF en Suisse sont apparemment obligées de reprendre.

La perte de productivité et de sécurité liée à cette nouvelle méthodologie de travail doit être compensée par diverses communications au personnel, avec des instructions détaillées sur le moment et le lieu où ces spécifications doivent être respectées et sur les éventuelles marges de manœuvre dont celui-ci dispose encore. En d'autres termes, de nouvelles réglementations sont mises sur pied afin de clarifier où et quand cette nouvelle méthode fait sens, ou pas. Le VSLF craint que cette surrèglementation bureaucratique n'entraîne des pertes supplémentaires en termes de sécurité et de ponctualité, faute de réelle faisabilité intuitive et pratique.

Irrégularités dans le financement des transports publics

Depuis plusieurs années, le BLS n'avait pas budgétisé les demi-tarifs du réseau Libero et a donc reçu des paiements excessifs pour un montant total de 43,6 millions CHF. Le PDG du BLS, Bernard Guillelmon a été contraint à la démission et le président du conseil d'administration, Rudolf Stämpfli, a démissionné pour raisons de santé. L'entreprise de transports publics de la région de Lucerne (VBL) est accusée d'avoir réalisé des bénéfices illicites et de ne pas les avoir déclarés à ses commanditaires ; 16 millions de francs ont été perçus en trop. L'OFT a déposé des plaintes pénales contre le BLS et les VBL. Elle accuse les entreprises de fraude en matière d'indemnisations des transports publics et réclame des intérêts de pénalité. À l'OFT également, les volumes de transport n'ont pas été correctement enregistrés en raison d'erreurs dans les bases de données et, par conséquent, les réclamations contre les exploitants de voies de raccordement n'ont pas été faites correctement. Il est maintenant confirmé que la Confédération a subi des pertes financières de 1,5 million de francs. Des procédures pénales ont été engagées.

La multiplication de ce type de révélations fait craindre qu'il ne s'agisse pas de cas isolés, mais que des problèmes structurels existent. La confiance dans les transports publics est en jeu.

Nos espoirs et nos souhaits pour l'année 2021

La valeur d'une CCT est remise en question lorsque des mesures de réduction des coûts à court terme génèrent des pertes salariales durables et que celles-ci sont toujours supportées par les plus faibles. Cela doit immédiatement cesser.  
Raoul Müller, membre du comité central VSLF, responsable des dossiers CFF Voyageurs

Il est temps de se concentrer à nouveau sur notre activité principale : un chemin de fer simple, fonctionnel et efficient.
Marc Engelberger, membre du comité central VSLF, responsable Romandie

Le transport de marchandises doit se faire par le rail et là ce sont les normes ferroviaires qui s'appliquent.
Martin Geiger, membre du comité central VSLF, responsable des dossiers CFF Cargo

Grâce à l'augmentation du nombre de nos membres et à notre bonne organisation, nous sommes de plus en plus en mesure de faire entendre la voix des mécanicien.ne.s de locomotive dans les diverses négociations menées par le VSLF.
Tobias Früh, membre du comité central VSLF, Caissier central

Grâce aux nouveaux CEO, il est possible d'exploiter des synergies et de devenir meilleurs en tant que partenaires plutôt qu'en tant que concurrents.
Andreas Jost, membre du comité central VSLF, responsable des dossiers BLS

Les négociations CCT ne servent à rien si une formation insuffisante ne permet pas au personnel des locomotives d'être déployé de manière productive, intelligente et variée.
Daniel Ruf, membre du comité central VSLF, responsable des dossiers CCT et temps de travail

Le temps de l'oisiveté est révolu et c'est une bonne chose.
Hubert Giger, Président du VSLF

Nous vous souhaitons à tous une bonne année 2021 et espérons qu'elle sera meilleure que la précédente.

Votre comité central VSLF

VSLF numéro 658, 02 janvier 2021, HG / Trad. ME